Crévilles
Recherche utilisant ce type de requête :

Recherche avancée (contenus seulement)

Les mobilités éprouvantes. Regards sur les pénibilités des déplacements ordinaires

Dublin Core

Titre

Les mobilités éprouvantes. Regards sur les pénibilités des déplacements ordinaires

Description

Dans l’excitation intellectuelle liée à l’émergence, dans les sciences sociales, de ce nouveau et riche champ de recherche qu’est l’étude des mobilités quotidiennes, il est un versant de ce phénomène auquel peu de chercheurs se sont intéressés. On a en effet porté peu d’attention aux caractères éprouvants de ces réalités pour celles et ceux qui en sont les acteurs ordinaires. Pourtant, dans un contexte où les formes et les pratiques de mobilité se voient généralisées, les expériences pénibles dans les déplacements elles aussi se multiplient et se diversifient. Dans une première approche, on peut penser que ces pénibilités sont liées à des contraintes de trois ordres. Premièrement, dans la mesure où la très grande majorité des actifs travaille en dehors de leur domicile, leur mobilité est largement contrainte par l’emploi, sa localisation et sa nature. Deuxièmement, les rythmes de l’obligation scolaire constituent une autre dimension très contraignante pour de nombreux ménages, et scandent de manière remarquable la circulation dans les espaces publics. Troisièmement, l’accès spatial aux consommations, entendues au sens large comme usages « libres » de fournitures de services (commerces, services administratifs, loisirs, activités culturelles, tourisme, etc.), est également fortement structuré par les localisations et les temporalités de ces services. Ces différentes contraintes (professionnelles, scolaires et consommatoires) placent d’emblée la mobilité quotidienne sous le signe de la pression, du respect d’horaire, des tensions ou tout au moins de l’exigence d’organisation et de coordination. Les formes des pénibilités liées à ces déplacements peuvent alors se différencier par le lieu où leur épreuve se manifeste concrètement : la sphère domestique, la sphère professionnelle et les espaces publics. Ces territoires apparaissent en effet comme les pôles principaux où s’expriment les contraintes et injonctions de mobilité et où se vivent les épreuves de leur confrontation. Ce numéro rassemblera une sélection de contributions issues du colloque international « Les mobilités éprouvantes » tenu à l’Université Libre de Bruxelles en mars 2010 à l’initiative du groupe de travail « Mobilités spatiales et fluidité sociale » de l’Association internationale des sociologues de langue française (AISLF). Elles s’intéresseront toutes, et selon des perspectives disciplinaires différentes, aux pénibilités des expériences de mobilité, c’est-à-dire aux aspects éprouvants, pour les individus ou pour les groupes auxquels ils appartiennent, des configurations au sein desquelles s’engendrent et s’expérimentent les circulations quotidiennes. Parmi les aspects étudiés, on trouvera les déplacements des adolescents, les pénibilités associées à la fréquentation des espaces de transport, les mobilités contraintes par les structurations socio-spatiales, les institutions (services aux personnes, contrôles routiers, prisons) ou les situations politiques.
Beside the intellectual excitement that surrounds the emergence of the study of daily mobilities as a vibrant new field of research for the social sciences, it seems that some dimensions of the phenomenon still unexplored. Indeed how arduous daily travels are is hardly known. And yet, in a context of growing mobility experiences and demands, it seems very likely that these experiences are becoming more demanding. From a general perspective, it can be argued that three types of constraints affect the daily mobility practices. First, as a large amount of people are working outside their home, their daily journeys are generated and framed by their professional occupation, its location and type. Second, rhythms of school life very deeply shape the need for and modes of daily travels, and therefore the uses of public circulatory spaces. Third, journeys to places of consumption, in the broader sense of the term (shops, public services, leisure or cultural activities, tourism places, etc.), are constrained by their locations and opening times. All those constraints put daily mobilities under pressure: time constraints, contradictory individual demands for journeys and/of transport modes, and complex management of available resources are at stake every day. In this perspective, the difficult nature of daily mobilities can be investigated through the main spheres depicted here: the domestic, occupational, and public spheres. They can be considered as the structuring poles that generate and govern the often contradictory, and always complex, needs for daily travels. This special issue will present some selected contributions resulting from the last international conference organized at the Université Libre de Bruxelles in March 2010 by the working group “Spatial Mobilities and Social Fluidity” of the Association internationale des sociologues de langue française (AISLF). They will focus, from different disciplinary perspectives, on the arduous dimensions of daily mobilities, i.e. on these diverse circumstances in which ordinary people are induced to be mobile and to experience mobility as a complex task. Some aspects to be investigated will be: mobilities of teenagers; the tiring experiences of public transport networks; and the constraining features of sociospatial locations, of institutions (public services, road controls, and prisons) or of particular political contexts.

Créateur

Enaux, Christophe
Lord, Sébastien
Lannoy, Pierre

Date

2011-09-19

Langue

fr

Type

article

Identifiant

http://articulo.revues.org/1765
doi:10.4000/articulo.1765