Sujet
précarité, sans-domicile, pauvreté, Girola Claudia
Description
Présentation par le diffuseur :
Le discours sur la pauvreté s’est focalisé depuis les années 1990 autour du terme d’« exclusion » pour désigner des personnes en situation de vulnérabilité socio-économique (le chômeur de longue durée, le jeune des cités, le RMIste, le SDF…). Et ce terme a introduit une représentation dualiste de la société, entre ceux qui bénéficient de protections matérielles et socio-affectives et ceux dont les liens au monde social se distendent parfois jusqu’à disparaître. Mais cette vision empêche de rendre compte des passerelles de socialité et de sociabilité quotidienne, parfois fragiles mais toujours existantes, entre les différents acteurs de la société. Elle a fini par former la représentation dominante d’un individu insaisissable, en errance physique et psychique, hors de tout lieu et de toute durée. Cette image limite des sans-abri est fondée sur l’idée qu’à une situation de précarité socio-économique correspond automatiquement une précarité des appartenances sociales et des inscriptions quotidiennes de vie. À partir de sa propre expérience de terrain, Claudia Girola montre dans cet opuscule que ces conditions d’incertitude matérielle et symbolique constituent, certes, un événement traumatique, mais n’impliquent pas la rupture avec les repères fondateurs de l’existence. Au contraire, cette expérience extrême de vie peut conduire à un travail identitaire d’affirmation de soi, rendu possible par la maîtrise d’une temporalité et d’une spatialité toujours actives
Claudia Girola est docteur en anthropologie, maître de conférences à l’université Paris 7, membre du Centre de représentations et pratiques politiques. Elle étudie depuis les années 1990 les pratiques identitaires des sans-abri, notamment leurs constructions narratives biographiques et leur mémoire collective dans ces conditions extrêmes de vie, et a publié plusieurs articles à ce sujet