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Titre
Villes, énergie et développement durable en Jordanie : entre néolibéralisme et improbable décentralisation
Sujet
[SHS:GEO] Humanities and Social Sciences/Geography
[SHS:ARCHI] Humanities and Social Sciences/Architecture, space management
développement urbain durable
gouvernance locale
énergies renouvelables
libéralisation
décentralisation
Jordanie
Irbid
Amman
Maan
Description
Ce chapitre analyse le redéploiement de la politique énergétique jordanienne dans le contexte de l'affirmation d'une priorité en faveur du développement durable. L'orientation de notre questionnement consiste à étudier la mise en œuvre de ces réformes à partir d'une grille de lecture des mutations de l'action publique en termes de nouvelles relations entre acteurs (désengagement de l'Etat, partenariat public-privé, injonctions internationales) et de nouvelles territorialisations, en particulier en observant la place faite par les concepteurs de ces réformes à l'échelon local. Inversement, il s'agit de voir comment les acteurs urbains, dans un contexte de décentralisation plus nominale qu'effective, perçoivent les enjeux énergétiques et s'en saisissent. A cet égard, nous cherchons à inscrire notre propos dans une discussion sur la territorialisation des politiques énergétiques et notamment, sur le rôle des villes et acteurs des politiques urbaines dans la conception des politiques énergétiques. L'exemple jordanien est instructif et paradoxal. Comme de nombreux pays qu'on peut classer comme émergents, la Jordanie connaît actuellement une croissance très rapide de sa consommation énergétique et en particulier de l'électricité, en raison du mouvement d'urbanisation et de la diffusion de nouveaux usages fortement consommateurs. D'autre part, cette croissance est perçue par le gouvernement comme une source de fragilité politique dans la mesure où le pays est totalement dépendant des importations d'hydrocarbures pour satisfaire cette demande. Enfin, l'accès à l'électricité, largement subventionné, fait partie intégrante du contrat social jordanien, ce qui a sur le long terme, lourdement pesé sur l'équilibre des finances publiques. Or, pour rompre sa dépendance, le gouvernement jordanien entend mettre fin aux subventions, privatiser le secteur et développer de nouvelles sources de production valorisant des énergies renouvelables (solaire, éolien, à plus long terme nucléaire). Ces orientations très volontaristes se traduisent par une redéfinition du rôle des acteurs étatiques. D'un côté, l'opérateur historique intégré du secteur est restructuré et une partie de ces actifs privatisée. De l'autre, les agences étatiques conservent un rôle central dans la définition de la politique énergétique notamment en ce qui concerne la stratégie, les énergies renouvelables et le nucléaire. Mais la mise en place de cette nouvelle stratégie ne va pas sans heurt entre l'impératif du développement durable et les réactions des consommateurs qui en subissent le coût accru. D'autre part, une lecture attentive à l'échelon local souligne également que les réformes en cours s'inscrivent à rebours du mouvement revendiqué de décentralisation. Les entreprises gestionnaires de la distribution, fortement inscrites dans leur territoire et liées à des municipalités, subissent des changements de stratégie qui remettent en cause leurs ancrages locaux. En définitive, notre communication souligne les enjeux sociaux des politiques énergétiques (notamment liée à la pauvreté urbaine) et le caractère spécifique - et en tout cas à rebours des évolutions constatées en Europe occidentale et aux USA - de leur territorialisations. Le tournant local des politiques énergétiques ne semble pas se produire en Jordanie.
Créateur
Verdeil, Eric
Source
Expérimenter la ville durable au sud de la méditerranée. Chercheurs et professionnels en dialogue
Date
2011
Langue
FRE
Type
scientific book chapter
Identifiant
http://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00460974
http://halshs.archives-ouvertes.fr/docs/00/61/76/62/PDF/Ville_durable_13_Verdeil-avantderniA_re.pdf