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Titre
Les exclus, régulateurs de l'action publique.: La normalisation limitée de l'espace dans les quartiers insalubres et illégaux des DOM
Sujet
habitat, action publique, insalubrité, droit au logement, mobilisation collective, exclu
Urbanisme et aménagement
Description
La crise du logement fait apparaître en France des formes variées et spécifiques de mal logement. Dans les départements d’outre-mer, une grande partie de la population s’est ainsi vue contrainte d’occuper illégalement des terrains pour y construire une habitation qui le plus souvent ne répond pas aux normes de salubrité édictées par l’État. Les quartiers illégaux et insalubres des DOM représentent en moyenne 10% du parc total de logements. Bien que certains soient apparus il y a plus de 50 ans, beaucoup subsistent encore aujourd’hui et de nouveaux sites continuent de se créer. Logement précaire, illégalité de l’occupation du sol, exclusion du travail formel, stigmatisation des quartiers par le reste de la ville…. Les habitants des quartiers d’habitat insalubre et illégal des DOM font partie de la vaste catégorie des «exclus » français. Ce travail de recherche pose la question du rôle des «exclus » du logement formel dans la construction de l’action publique. Nous avons étudié les conséquences de la confrontation de deux systèmes de valeurs très différents sur le logement et sur l’urbain de façon plus générale : celui des habitants des quartiers insalubres et illégaux, qui ont progressivement modelé leur cadre de vie hors des contraintes de la ville planifiée et réglementée, et celui des pouvoirs publics qui agissent sur ces quartiers, quasi exclusivement par le biais d’opération de résorption de l’habitat insalubre (RHI). Le système de valeurs des habitants fait cohabiter des valeurs matérielles : les éléments de confort, l’espace, la flexibilité des dépenses liées au logement ; ainsi que des valeurs immatérielles : une localisation adéquate du logement, la sécurité psychologique du chez soi, l’ambiance du quartier. Le système de valeurs des pouvoirs publics qui domine est celui d’une ville planifiée, géométrique, aérée et sûre à la fois sur le plan physique et social. Les logements doivent répondre aux normes de salubrité et de confort édictées par l’État. D’autres acteurs publics, moins nombreux, prônent de respecter davantage l’organisation urbaine et sociale des quartiers insalubres et illégaux. Mais pour l’ensemble des acteurs publics, ces quartiers sont d’une façon ou d’une autre « hors normes ». Les pouvoirs publics tentent alors de normaliser l’espace et les modes de vie selon leurs propres systèmes de valeurs. Cette tentative de normalisation induit le plus souvent un dysfonctionnement de l’action publique : projets bloqués, opérations mal vécues ou présentant des effets pervers...Il en résulte une adaptation des opérations au cours de l’action publique, sous l’impulsion des habitants eux-mêmes. La normalisation est « limitée » par les habitants car ils disposent de sources de pouvoirs particulières pour se faire entendre, et notamment du pouvoir de se mobiliser collectivement. Ces mobilisations collectives induisent une forme de régulation de l’action publique. Les deux innovations essentielles apportées par les habitants sont qu’ils s’érigent en « partenaires » désormais quasi automatiques de l’action publique et que des valeurs immatérielles de l’habitat sont acceptées par les pouvoirs publics et par les opérateurs. Le pouvoir de régulation des habitants amène donc à modifier l’intervention publique initialement prévue et entraîne une application locale spécifique du droit au logement.
Créateur
Benzaglou, Marie
Éditeur
Ecole nationale des ponts et chaussées - ENPC Paris / Marne-la-Vallée
Date
2006
Contributeur
Bourdin, Alain. Directeur de thèse
Langue
Fr
Type
Thèse
Identifiant
http://pastel.paristech.org/2575/
http://lallier.msh-vdl.fr/theses/items/show/310
http://lallier.msh-vdl.fr/theses/archive/files/87eac10e830e9a10125775b7d00d9516.jpg