Présentation par l'éditeur :
Le projet de ce numéro sur la violence est parti d’un constat simple : il n’y a jamais eu autant de publications académiques sur la violence que ces dernières années alors même que les manifestations de violence ne se sont jamais montrées aussi rétives à des interprétations globales. Maladie de la cité, échec de la rationalité institutionnelle, manifestation extrême de la décision politique, dérive ravageuse d’événements imprévisibles, la violence a longtemps été l’autre de la politique. Si le pouvoir ne peut exister sans légitimité, la violence est son instrument inavouable. Inversement, on s’en saisit pour renverser un ordre politique jugé injuste et fonder un ordre nouveau. Cette conception reléguait la violence dans le registre de l’exception. Or elle semble aujourd’hui avoir laissé la place à une profusion de passages à l’acte qui ne sont plus étayés par un discours idéologique articulé mais, au contraire, essaiment au plus bas de la société pour n’acquérir un sens politique qu’une fois portés par l’opinion sur la scène publique...