Entre la médina, le souk et Facebook - Rue Damas à Beyrouth

L’espace public dans le monde arabe. Vers une métamorphose urbaine ?

L’espace public comme forme ouverte (place, jardin public, boulevard, etc.) est absent du centre des villes arabo-musulmanes traditionnelles. L’absence ou la rareté des espaces publics est-elle ainsi inhérente au système citadin arabe avant l’introduction de formes urbaines occidentales ? Y a-t-il vraiment dévalorisation de l’espace public au profit du privé ? Ce constat n’est-il pas plutôt le reflet d’une lecture incomplète ?

Tandis que la pensée urbaine occidentale repose sur le modèle antique du forum et de l’agora, donnant une valeur sociale supplémentaire à l’espace public, la vision orientale de l’espace public s’est construite différemment. Entre des quartiers et des maisons, considérés comme des espaces féminins, et des réseaux de circulation et des souks, considérés comme masculins, le communautaire est une autre composante essentielle de l’organisation spatiale urbaine, avec la mosquée comme espace public ouvert.

Le printemps arabe a fait émerger également un nouvel espace public virtuel, avec le développement des réseaux sociaux numériques. Au carrefour du politique, du religieux et de la société civile, quelles sont les métamorphoses de l’espace public arabo-musulman ? Les politiques urbaines sont-elles des instruments de pouvoir ou des outils de développement?

Décryptage en compagnie de Fabrice Balanche, directeur du Groupe de Recherches et d'Etudes sur la Méditerranée et le Moyen-Orient, à Lyon.

Un entretien de Nicole Duparc.

Rue Damas à Beyrouth

20 ans après la guerre, la ligne de démarcation demeure un no man's land, sauf pour les voitures. L'urbaniste et architecte Habib Debs travaille à recoudre le tissu social et communautaire.

L'avenue qui mène vers Damas est l'axe central de Beyrouth qui part de la célèbre place des Canons et se termine vers le Bois des pins, seul parc de la ville... toujours fermé. Durant la guerre civile, la rue de Damas fut aussi la ligne de démarcation entre l'Est ou l'Ouest. Aujourd'hui, 20 ans après les violents combats qui ont opposés les habitants de la capitale libanaise, la rue est encombrée de blocs de béton et l'armée y est encore déployée, histoire de rassurer. Seules les voitures, lancées à tout allure, semblent avoir investi la bande d'asphalte. Quant aux quartiers qui la bordent, ils ne se regardent même pas.

Habib Debs, urbaniste et architecte, travaille, avec d'autres, à recoudre le tissu social et communautaire de la ville en offrant aux "Beyrouthins" une alternative à la ségrégation spatiale. Il s'agit de créer les conditions qui permettront d'autres rapports entre les Libanais.

Un entretien d’Anik Schuin