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Classe dirigeante, classe dangereuse ?

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Titre

Classe dirigeante, classe dangereuse ?

Description


Aristote oppose au livre II de sa Rhétorique, 1391 a, les délits que commettent les
kakourgoi, c'est-à-dire les délinquants qui appartiennent aux plus basses couches
de la société et ceux qui sont d'ordinaire commis par les notables et qui sont
causés par leur hubris, cette arrogance qu'ils tirent de la position sociale que leur
confère leur richesse. De fait, un certain nombre de plaidoyers du IVe siècle
(Lysias, fr. XVII; Isocrate XX; Démosthène LIV et XXI)) mettent en cause des
notables, accusés de violences commises contre des concitoyens. Or ces manifestations de violence sont appréhendées non pas comme des conduites d'ordre
privé, mais comme un comportement révélateur d'un état d'esprit oligarchique,
susceptible de constituer une menace pour la démocratie. Les révolutions oligarchiques qui ont marqué la fin du Ve siècle, ainsi que les tensions sociales qui ont
accompagné la fin de l'empire athénien et qui se prolongent pendant tout le
IVe siècle, ont pu conforter cette tradition. Il s'agit néanmoins aussi d'une repré-sentation qui s'inscrit dans la longue durée. C'est dans les excès commis par les
nobles de l'époque archaïque qu'il faut en chercher les racines, des excès que les
législateurs ont tenté de réprimer en contraignant ces nobles à se couler dans le
moule de la cité. Devant les juges du IVe siècle, les plaideurs n'hésitent pas à
perpétuer cette image d'une élite potentiellement dangereuse pour la démocratie
parce que toujours tentée par l'aventure oligarchique.

Créateur

Scheid-Tissinier, Évelyne

Source

Histoire urbaine, n 10, 2, 2004-06-01, pp.27-41

Date

2004

Droits

Cairn

Langue

fre

Identifiant

http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=RHU_010_0027

Couverture

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