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Titre
La rénovation urbaine entre performance et équité : le programme Choice Neighborhoods aux États-Unis
Sujet
rénovation urbaine, grands ensembles, logements sociaux, politique de la ville, PNRA, démolitions, politique du logement social, équité sociale, relogement, mobilité sociale, mobilité résidentielle, Etats-Unis
Description
La rénovation urbaine ne se résume pas à une opération de recomposition de l’espace, mais s’accompagne toujours d’intentions et d’effets sociaux. C’était le cas hier lorsque la démolition visait les quartiers de taudis des centres urbains même si l’affichage d’intentions sociales généreuses était largement démenti par les faits. Ce sont les grands ensembles de logements sociaux qui avaient accueilli une large part des délogés de la rénovation urbaine des années 1950 et 1960, qui sont aujourd'hui pris pour cibles des nouvelles politiques de rénovation urbaine.
Les deux pays occidentaux à avoir engagé les politiques les plus ambitieuses en la matière, au cours des deux dernières décennies, sont les États-Unis et la France, avec respectivement le programme HOPE VI (Housing Opportunities for People Everywhere) lancé en 1993, et le Programme national de rénovation urbaine (PNRU) initié dix ans plus tard. De réelles convergences se dessinent entre ces politiques. La similitude la plus manifeste est la priorité accordée à la démolition de logements sociaux et à la création d’une nouvelle offre résidentielle, privée et aidée, destinée à attirer des clientèles élargies.
Ces démarches sont officiellement justifiées dans les deux pays par la nécessité de « réparer les erreurs du passé ». À cet égard, la rénovation urbaine est en rupture avec les politiques antérieures du logement social dont elle cherche à corriger les effets ségrégatifs à long terme. Mais les intentions poursuivies sont ambivalentes, selon que la rénovation urbaine vise la dissolution des concentrations de minorités, ou qu’elle cherche à élargir améliorer la situation socio-économique et résidentielle de ces populations. Les évaluations conduites sur HOPE VI et le PNRU témoignent à cet égard d’un décalage persistant, même s’il est sans doute moins accusé que par le passé, entre les intentions sociales affichées par ces programmes et les bénéfices concrets qu’en retirent les habitants originels.
À l’heure où la France s’interroge sur l’avenir de son Programme national de rénovation urbaine, le cas américain présente un intérêt supplémentaire car il pose la question de la « réformabilité » de cette politique.
À la suite de l’élection du Barack Obama, en 2008, l’administration fédérale a en effet substitué à HOPE VI le programme Choice Neighborhoods, engagé dans un nombre limité de villes. Tout en s’inscrivant dans la filiation du programme précédent, Choice paraît en avoir tiré les enseignements, en affichant une préoccupation d’équité sociale visible dans les garanties apportées en termes de préservation du logement abordable et de relogement des habitants. Le gouvernement fédéral tente aussi d’articuler étroitement la rénovation urbaine aux enjeux de la mobilité sociale et résidentielle des habitants originels.
Assiste-t-on à l’émergence d’un programme de rénovation urbaine de la « troisième génération » ? L’analyse des intentions, des processus et des contenus programmatiques du programme Choice Neighborhoods a été privilégiée, avec pour fil rouge le critère de l’équité sociale. Pour traiter ces questions, une approche généalogique a été adoptée, qui replace Choice Neighborhoods dans l’histoire longue de la rénovation urbaine américaine. Cette mise en perspective historique, a été prolongée par deux études de cas, à Chicago et Boston, où ce programme est entré en application.
Au terme de la recherche, des recommandations sont formulées pour le cas français, à la demande du Secrétariat général du Comité interministériel des villes et du Centre d'analyse stratégique.
Thomas Kirszbaum et sociologue urbain, associé à l'ISP ENS Cachan
Les deux pays occidentaux à avoir engagé les politiques les plus ambitieuses en la matière, au cours des deux dernières décennies, sont les États-Unis et la France, avec respectivement le programme HOPE VI (Housing Opportunities for People Everywhere) lancé en 1993, et le Programme national de rénovation urbaine (PNRU) initié dix ans plus tard. De réelles convergences se dessinent entre ces politiques. La similitude la plus manifeste est la priorité accordée à la démolition de logements sociaux et à la création d’une nouvelle offre résidentielle, privée et aidée, destinée à attirer des clientèles élargies.
Ces démarches sont officiellement justifiées dans les deux pays par la nécessité de « réparer les erreurs du passé ». À cet égard, la rénovation urbaine est en rupture avec les politiques antérieures du logement social dont elle cherche à corriger les effets ségrégatifs à long terme. Mais les intentions poursuivies sont ambivalentes, selon que la rénovation urbaine vise la dissolution des concentrations de minorités, ou qu’elle cherche à élargir améliorer la situation socio-économique et résidentielle de ces populations. Les évaluations conduites sur HOPE VI et le PNRU témoignent à cet égard d’un décalage persistant, même s’il est sans doute moins accusé que par le passé, entre les intentions sociales affichées par ces programmes et les bénéfices concrets qu’en retirent les habitants originels.
À l’heure où la France s’interroge sur l’avenir de son Programme national de rénovation urbaine, le cas américain présente un intérêt supplémentaire car il pose la question de la « réformabilité » de cette politique.
À la suite de l’élection du Barack Obama, en 2008, l’administration fédérale a en effet substitué à HOPE VI le programme Choice Neighborhoods, engagé dans un nombre limité de villes. Tout en s’inscrivant dans la filiation du programme précédent, Choice paraît en avoir tiré les enseignements, en affichant une préoccupation d’équité sociale visible dans les garanties apportées en termes de préservation du logement abordable et de relogement des habitants. Le gouvernement fédéral tente aussi d’articuler étroitement la rénovation urbaine aux enjeux de la mobilité sociale et résidentielle des habitants originels.
Assiste-t-on à l’émergence d’un programme de rénovation urbaine de la « troisième génération » ? L’analyse des intentions, des processus et des contenus programmatiques du programme Choice Neighborhoods a été privilégiée, avec pour fil rouge le critère de l’équité sociale. Pour traiter ces questions, une approche généalogique a été adoptée, qui replace Choice Neighborhoods dans l’histoire longue de la rénovation urbaine américaine. Cette mise en perspective historique, a été prolongée par deux études de cas, à Chicago et Boston, où ce programme est entré en application.
Au terme de la recherche, des recommandations sont formulées pour le cas français, à la demande du Secrétariat général du Comité interministériel des villes et du Centre d'analyse stratégique.
Thomas Kirszbaum et sociologue urbain, associé à l'ISP ENS Cachan
Créateur
Thomas Kirszbaum
Source
http://www.eukn.org/content.jsp?objectid=327182
Éditeur
Centre d'analyse stratégique, Secrétariat général du Comité interministériel des villes
Date
2013-04
Format
151
Langue
FR
Type
Rapport