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Joutes bourgeoises à Paris, entre rêve et réalité (XIIIe-XIVe s.)

Dublin Core

Titre

Joutes bourgeoises à Paris, entre rêve et réalité (XIIIe-XIVe s.)

Sujet

[SHS:HIST] Humanities and Social Sciences/History
Paris
Moyen Âge
bourgeoisie
pratiques sociales
tournoi
littérature
fête

Description

Cet article analyse le phénomène des joutes bourgeoises à travers la relation d'un tournoi imaginaire écrit par Pierre Gencien et la narration des joutes réelles dans les chroniques. Les relations de tournois traditionnelles enjolivent le récit des exploits des tournoyeurs en y ajoutant des personnages ou des épisodes inspirés des romans courtois. L'œuvre de Pierre Gencien mêle aussi réel au rêve, mais dans un but opposé. Ce bourgeois ne se sert pas de l'imaginaire pour sublimer le monde, mais pour s'en moquer. On touche ici un trait de la sensibilité bourgeoise qui associe avec jubilation, à travers la parodie, un goût manifeste pour le concret et pour le rire. Si l'on tente de relier cette œuvre à son contexte historique, on serait tenté d'en tirer plusieurs conclusions. Il est très probable, tout d'abord, que les bourgeois de Paris ont pratiqué les joutes avant 1305, date de la première joute non-noble attestée à Paris, car cette œuvre des années 1270-1280 ironise manifestement sur des pratiques déjà en vigueur. On peut en conclure ensuite que l'opposition à la noblesse, que l'on devine à travers ces joutes, ne se traduit pas par un complexe d'infériorité des bourgeois de Paris qui voudraient l'imiter pour mieux faire oublier leur prétendue macule roturière. Il semble bien qu'aux XIIIe et XIVe siècles les bourgeois de Paris aient été suffisamment sûrs et fiers de leur position sociale pour jouter aux yeux de tous comme des nobles, tout en gardant leur identité bourgeoise . Les joutes entre bourgeois à Paris s'inscrivent dans une tradition politique (le dialogue avec le prince par la fête) et culturelle (le goût pour le spectacle total, qui implique toute la ville) propre à la civilisation urbaine de l'espace flamand auquel la capitale appartient ; mais elles s'en singularisent par une chronologie resserrée sur un demi-siècle. On n'a plus trace de joutes non-nobles à Paris après 1332, tandis qu'elles perdurent en Flandre durant tout le XVe siècle. On peut toujours invoquer le défaut de sources, puisque la Chronique anonyme s'achève en 1339, mais il est plus sérieux d'incriminer un retournement de la conjoncture économique et politique. Selon le rythme observé au XIVe siècle, de nouvelles joutes auraient dû avoir lieu dans les années 1350 et on devine les raisons qui les ont ajournées : à la guerre qui touche l'Ile de France en 1346 succèdent la peste noire de 1348, la capture du roi Jean en 1355, puis la rébellion d'Etienne Marcel en 1358. Cette révolte, ainsi que celle des Maillotins en 1382, affectent durablement les relations entre le roi et ses bourgeois, ce qui explique que le début de règne brillant de Charles VI, qui avait pourtant le goût de la fête, n'ait pas donné lieu à des joutes autres que nobiliaires . La guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons n'a guère été favorable à de telles réjouissances et, lorsque la conjoncture politique et économique redevient favorable dans la seconde partie du XVe siècle, les temps ont changé et les bourgeois conquérants des XIIIe et XIVe siècles ont, entre-temps, laissé le devant de la scène aux juristes savants. Les joutes bourgeoises à Paris marquent donc un moment privilégié de la civilisation urbaine médiévale : l'apogée de son premier essor, qui est en même temps son chant du cygne.

Créateur

Bove, Boris

Source

Le tournoi au Moyen Age
Le tournoi au Moyen Age

Date

2003

Langue

FRE

Type

conference proceeding

Identifiant

http://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00640425
http://halshs.archives-ouvertes.fr/docs/00/64/04/25/PDF/Bove_Les_joutes_bourgeoises_A_Paris.pdf

Couverture

France