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Entre ottomanité, colonialisme et orientalisme: les racines ambiguës de la modernité urbaine dans les villes du Maghreb (1830-1960)

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Titre

Entre ottomanité, colonialisme et orientalisme: les racines ambiguës de la modernité urbaine dans les villes du Maghreb (1830-1960)

Sujet

[SHS:HIST] Humanities and Social Sciences/History
Maghreb
ville
urbain
Empire
colonial
colonisation
Afrique du Nord
Alger
Algérie
Tunisie
Maroc
Casablanca
Tunis
Le Corbusier
architecture
urbanisme
ottoman
France
modernité
orientalisme
Cohen
Beyrouth
Alep
Damas
Lyautey
Ecochard
Pouillon
Niemeyer
Constantine
Chakrabarty
Riggs
Bryant
Nasr
Fanon
Said
Hanssen
Ankara
Athènes
Abu-Lughold
Cooper
Stoler
Bugeaud
Prost
SDN
sionisme
indigène
race
femme
sexe
genre
ségrégation
gender
modernity
occupation
ville maghrébine
architecte
planification

Description

L'essence de la modernité urbaine est généralement définie au travers du processus de rationalisation technique de l'espace urbain et d'application à la société urbaine de nouvelles modalités de gouvernance, liées au développement de l'appareil bureaucratique et au souci de créer des instruments fondés sur une connaissance rationnelle de l'espace et de la société . A partir du cas de l'Europe et l'Amérique du Nord, on généralise souvent le processus à la création de la sphère démocratique municipale, et à la construction d´une société démocratique dans le cadre d´un Etat de droit en général. Et on voit souvent le reste du monde comme en porte-à-faux par rapport à ce processus, connaissant au mieux un modernisme sans modernité, c'est-à-dire une modernisation technique sans réforme de la société , et incapable, pour des raisons facilement conçues comme ontologiques, d´avancer dans la voie tracée par l´hémisphère occidental. La rhétorique culturaliste se greffe aisément sur ce type de discours, qui en constitue même le fondement intellectuel. Cette narration de la modernité se doit désormais d´être contestée, tant elle apparaît comme biaisée. Cette remise en question peut se faire aux deux bouts de la chaîne faussement logique qui irrigue un discours culturaliste si puissant qu´il en est souvent venu à constituer le bruit de fond du raisonnement comparatiste. Du coté de l´Europe, par la démonstration que ce continent ne constituait en rien un modèle exportable. Et du coté des sociétés méridionales ou orientales, en montrant l´existence de formes de modernité dont la nature est plus complexe que la simple transposition, et surtout la prégnance de postures torses de modernité, dans des sociétés soumises par l´Europe même à une forme foncièrement perverse de modernisation. La question urbaine est assurément un terrain important pour l´application d´un tel raisonnement, tant elle recouvre des pans cruciaux de ce qui constitue la modernité elle-même . Pour l'Europe ainsi, le paradigme d'une modernité urbaine univoque et linéaire dans sa progression est discuté et nuancé depuis au moins une décennie. Même pour la période Haussmannienne, un chercheur comme Matthew Gandy a pu montrer comment les caractères de la modernité technicienne urbaine sont plus complexes qu'on ne l'a longtemps pensé . Quant au lien entre modernité technique et construction de la société démocratique, il est encore plus ténu. Qu'Haussmann, bras droit d'un homme arrivé au pouvoir par un coup d'Etat, et exerçant des pouvoirs urbains préfectoraux et non civiques municipaux en soit le symbole. Si ce lien présumé n'est pas toujours discuté avec la vigueur qu'il conviendrait, on peut néanmoins partir ici du constat qu'en Europe même, modernisation technicienne des villes, modernité bureaucratique et société démocratique ne sont pas les éléments d'un même développement parallèle et mécanique. L´Europe, de plus, connaît zones d´ombres, de dictature et d´arriération jusque très tard dans le XIXe siècle, voire le XXe, si bien que toute liaison mécanique entre modernisation urbaine et démocratie est à exclure. Pour l'analyse des sociétés longtemps considérées comme périphériques par rapport à la modernité urbaine (mais aussi par rapport à l'industrialisation et à la complexification des rapports capitalistes), il convient de même de se départir du schéma de la simple importation, ou de l'inadéquation à appliquer des recettes dont on voit qu'elles étaient loin de constituer l'essence d'une prétendue civilisation occidentale, dont les caractères éventuels sont à lire avec plus de nuances . Pour l'Empire ottoman au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, il est nécessaire de sortir du cadre interprétatif de la simple importation et de l'occidentalisation ou européanisation . Pour les périodes suivantes, ce souci doit également être en général celui de l'écriture d'une histoire des sociétés colonisées et colonisatrices . Il convient ainsi non seulement de « provincialiser l'Europe », selon le salutaire mot d'ordre de Dipesh Chakrabarty , mais également de discuter tous les éléments sous-jacents à la narration et à l'analyse de l'histoire ottomane, maghrébine ou coloniale. Ce n'est pas seulement de l'orientalisme dont doit se méfier l'historien, mais également de la construction abusive de paradigmes destinés à analyser l'Europe. C'est cette dimension d'un biais profond que la lecture des vicissitudes de la modernité urbaine au Maghreb permet de remettre en question.

Créateur

Lafi, Nora

Source

Frankreich und Frankophonie: Kultur Sprache Medien: La France et la Francophonie : culture langue médias

Date

2009

Langue

FRE

Type

scientific book chapter

Identifiant

http://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00438328
http://halshs.archives-ouvertes.fr/docs/00/43/83/28/PDF/LafiVillesMaghrebOttomanColonisationPublication.pdf