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Si proche, si loin ! Penser les processus urbains à partir des modèles de la géographie du tourisme ?

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Titre

Si proche, si loin ! Penser les processus urbains à partir des modèles de la géographie du tourisme ?

Sujet

centre-ville
esthétique du quotidien
exotisation du proche
gentrification
territoires de la vie quotidienne

Description

Notre modernité géographique semble caractérisée par un processus sans précédent d’exotisation du proche. Un travail de généalogie de nos façons de vivre en ville permet de montrer en quoi cette exotisation participe d’un corpus de techniques d’usage des mondes urbains par lesquelles les habitants rapprochent des espaces-temps distincts dans un « transfert analogique » (Lahire, 1998), qui offre l’occasion d’un « déplacement » récréatif. L’accomplissement de ces voyages imaginaires requiert toutefois des lieux dotés d’une épaisseur sémiotique/symbolique singulière, situés le plus souvent dans les quartiers centraux des villes d’Occident. Il peut alors paraître judicieux d’interroger la pertinence des modèles issus de la géographie du tourisme pour penser certains aspects des processus urbains contemporains, notamment celui du retour en ville d’une nouvelle classe moyenne. Le recours à ces modèles semble en effet susceptible de compléter les deux grandes interprétations de la gentrification, soit celles de la rente urbaine et de la consommation ostentatoire. Dans leur quête du bien vivre en ville qui les attire vers les quartiers populaires, se pourrait-il que ces habitants quêtent les conditions d’une « recréation » immédiate de soi, qui leur permette de regagner, régénérés, la sphère du quotidien productif ?
Our geographic modernity seems to be characterized by an unprecedented process resulting in the attribution of exotic traits to familiar elements. A genealogy of our urban ways of life shows how this process stems from a body of techniques of urban usages by which city-dwellers draw distinct time-spaces closer to each other, through an “analogical transfer” (Lahire, 1998). This provides the opportunity for recreational journeys. However, such imaginary journeys require places characterized by a singular symbolic/semiotic substance, most often situated in the central neighborhoods of Western cities. It therefore seems appropriate to question the relevance of the models of geography of tourism to study certain aspects of contemporary urban processes, particularly the return to the city of a new middle class. Resorting to these models may complete the two main interpretations of gentrification, namely urban income and ostentatious consumption. Their quest for urban life, which draws them towards popular neighborhoods, may betray a search for the conditions of an immediate self-recreation, allowing them to return to the daily sphere of production feeling refreshed.

Créateur

Matthey, Laurent

Date

2007-11-27

Langue

fr

Type

article

Identifiant

http://articulo.revues.org/613
doi:10.4000/articulo.613