Dublin Core
Titre
La mixité économique comme volonté et comme représentation. Des villes nouvelles aux clusters en Île-de-France (1963-2013)
Sujet
mixité fonctionnelle, Île-de-France, mixité économique, habitat, industrie, zonage
Description
Un rapport de recherche publié par le PUCA.
Extrait de l'introduction :
Mixité fonctionnelle. Encore un terme particulièrement évocateur, pour désigner la coprésence de logements et d'activités —et d'activités diverses— dans la ville. Cette coprésence, rappelons-le, n'a rien d'évident, ni aujourd'hui, ni autrefois. Certaines activités se développent en symbiose avec l'habitat, dans une proximité relative, ainsi de l'agriculture pour les ruraux ou du commerce et de l'artisanat pour les urbains. Mais dès que l'on doit utiliser des sources d'énergie importante, ou que l'activité atteint une taille respectable, ou encore qu'elle produit des nuisances, les cohabitations sont moins faciles, et moins spontanées.
Dans la ville française, la cohabitation entre l'habitat et l'industrie est l'exception. Pour quelques villes industrieuses comme Paris, Lyon ou Marseille, combien de villes « marchandes » qui externalisent la production manufacturière hors les murs, et cela, dès le début de l'époque dite moderne ? Paris même, centre industriel unique en Europe avant la révolution industrielle anglaise, commence très tôt à externaliser ses activités. Le développement industriel francilien, le passage de l'artisanat à l'industrie, correspond à un long et lent mouvement de déconcentration industrielle, du cœur de la ville vers les faubourgs, des faubourgs vers les banlieues, des banlieues vers le reste du territoire. L'ouvrier parisien devient un habitant des faubourgs, des barrières, des banlieues et enfin du sud de l'Oise, de l'ouest des Yvelines et de la Seine et Marne.
La mixité fonctionnelle est donc, pour partie, une lecture plutôt mythique, ou du moins a-t-elle toujours correspondu à une certaine sélectivité sociale et économique.
Pour autant l'heure est aujourd'hui à la mixité fonctionnelle. Inculquée dans les écoles d'urbanisme, affirmée par les pouvoirs publics, espérée par les habitants... la mixité fonctionnelle est en passe de devenir le nouveau mot d'ordre de la production urbaine. Parée de toutes les vertus, elle reste néanmoins difficile à saisir : il n'en existe pas de définition claire.
Une chose est certaine : elle s'oppose au « zonage », qui est devenu le repoussoir absolu, creuset de tous les maux de la ville contemporaine, complot contre la vie même ourdi par des architectes, des urbanistes et des technocrates qui n'auraient rien compris à la complexité de l'existence et qui auraient produit une ville inhumaine, où les classes sociales ne cohabiteraient plus et où l'on n'entendrait plus le joyeux sifflet des usines.
Les architectes d'aujourd'hui, et leurs complices, urbanistes et technocrates, auraient donc mesuré et revisité les erreurs du passé, pour mettre en œuvre, enfin, une « vraie ville » où cohabiteraient, harmonieusement, les classes sociales et les activités économiques (...)
Extrait de l'introduction :
Mixité fonctionnelle. Encore un terme particulièrement évocateur, pour désigner la coprésence de logements et d'activités —et d'activités diverses— dans la ville. Cette coprésence, rappelons-le, n'a rien d'évident, ni aujourd'hui, ni autrefois. Certaines activités se développent en symbiose avec l'habitat, dans une proximité relative, ainsi de l'agriculture pour les ruraux ou du commerce et de l'artisanat pour les urbains. Mais dès que l'on doit utiliser des sources d'énergie importante, ou que l'activité atteint une taille respectable, ou encore qu'elle produit des nuisances, les cohabitations sont moins faciles, et moins spontanées.
Dans la ville française, la cohabitation entre l'habitat et l'industrie est l'exception. Pour quelques villes industrieuses comme Paris, Lyon ou Marseille, combien de villes « marchandes » qui externalisent la production manufacturière hors les murs, et cela, dès le début de l'époque dite moderne ? Paris même, centre industriel unique en Europe avant la révolution industrielle anglaise, commence très tôt à externaliser ses activités. Le développement industriel francilien, le passage de l'artisanat à l'industrie, correspond à un long et lent mouvement de déconcentration industrielle, du cœur de la ville vers les faubourgs, des faubourgs vers les banlieues, des banlieues vers le reste du territoire. L'ouvrier parisien devient un habitant des faubourgs, des barrières, des banlieues et enfin du sud de l'Oise, de l'ouest des Yvelines et de la Seine et Marne.
La mixité fonctionnelle est donc, pour partie, une lecture plutôt mythique, ou du moins a-t-elle toujours correspondu à une certaine sélectivité sociale et économique.
Pour autant l'heure est aujourd'hui à la mixité fonctionnelle. Inculquée dans les écoles d'urbanisme, affirmée par les pouvoirs publics, espérée par les habitants... la mixité fonctionnelle est en passe de devenir le nouveau mot d'ordre de la production urbaine. Parée de toutes les vertus, elle reste néanmoins difficile à saisir : il n'en existe pas de définition claire.
Une chose est certaine : elle s'oppose au « zonage », qui est devenu le repoussoir absolu, creuset de tous les maux de la ville contemporaine, complot contre la vie même ourdi par des architectes, des urbanistes et des technocrates qui n'auraient rien compris à la complexité de l'existence et qui auraient produit une ville inhumaine, où les classes sociales ne cohabiteraient plus et où l'on n'entendrait plus le joyeux sifflet des usines.
Les architectes d'aujourd'hui, et leurs complices, urbanistes et technocrates, auraient donc mesuré et revisité les erreurs du passé, pour mettre en œuvre, enfin, une « vraie ville » où cohabiteraient, harmonieusement, les classes sociales et les activités économiques (...)
Créateur
Daniel Béhar
Philippe Estèbe
Nicolas Rio
Éditeur
PUCA
Date
2013
Format
84
Langue
FR
Type
Rapport de recherche
Identifiant
http://rp.urbanisme.equipement.gouv.fr/puca/activites/rapport-mixite-fonctionnelle-metropole-sens.pdf